Enfin! C'était le grand jour. En bien ou en mal, ça restait à prouver. Un matin, je m'étais réveillée avec l'impression que je devais à tout prix faire quelque chose pour aider les autres. Pourquoi? Je n'en avais aucune idée. Pourtant, une semaine plus tard, je m'étais surprise à appeler l'agence de l'APO des Etats-Unis. J'avais décidée de laisser tomber l'Argentine. C'était vraiment pénible de se trouver devant un monument, d'être nostalgique devant lui, mais de ne pas se souvenir ce qu'il s'était passé.
Donc c'est comme ça que je me suis trouvé, moi et mes quatre valises, aux Etats-Unis. Après avoir prit une chambre d'hôtel, de m'être rapidement changé, j'étais partit en direction du bureau de Monsieur Remington. Jetant un coup d'œil à ma montre, je me dis que je serais pile poil à l'heure. Une fois arrivé devant le bureau de la secrétaire de Monsieur Remington, Marilyn d'après son badge, je déclinai mon nom. Alors, elle se leva pour m'accompagner jusqu'au bureau de son employeur.
Je la suivit donc au rythme des clac, clac, de nos talons. Elle s'arrêta devant une porte, frappa discrètement et annonça:
"Mademoiselle de Schutter est arrivé".
Elle me fit signe d'avancer et j'entrai dans un bureau plutôt grand. L'horloge de bureau, les stylos Caran d'Ache, la position d'un dossier. Tout indiquait que Monsieur Remington était quelqu'un d'aisé. Croisant son regard sévère, je me demandais si je devais être contente d'avoir choisit le tailleur noir ou si je devais regretter d'avoir laisser mon jean déchiré à l'hôtel. J'aurais adoré voir la tête de Monsieur Remington si j'étais arrivé avec mon jean déchiré, mon pull qui tombait sur l'épaule et mes converses abîmées.
Effectivement choquer l'homme qui était sensé me faire réintégrer l'APO n'était pas une excellente idée, mais je ne put m'empêcher de m'assoir sur le fauteuil en face du bureau avant qu'il me l'ait demandé. Puis mettant ma cheville droite sur mon genoux gauche, croisant les bras, je lui fit un immense sourire. Comment allait-il réagir à ça?
Je saluai l'homme en face de moi d'un vague signe de tête avant de lui dire:
"Enchantée Monsieur Remington. Je me présente, Isabelle de Schutter."
Puis ne résistant pas à une dernière pique, je lui demandai, insolente:
"Depuis combien de temps travaillez-vous à l'APO? Vous devez être très hauts placé dans la hiérarchie"
Me redressant, j'affichai un mine intéressée. Je l'avais suffisamment taquiné.