Il y avait un édifice en construction à Manhattan. Il y en avait beaucoup, mais dans celui-là en particulier, un homme fumait et regardait, de l'autre côté de l'Hudson, le siège social de la fameuse banque de Goldman Sachs. Lorsqu'il se retourne, il peut voir une dizaine de personnes, d'âge variable, de genre différents, avec chacun une histoire bien distincte. C'était ses complices, ses soldats. Tyler sait qu'il doit compter sur eux, surtout pour la suite des choses. Il allait enfin devenir le visage du chaos, celui qui, brique par brique s'il le faut, détruirait le mur de l'ordre mondial actuel et du capitalisme. Le monde ne faisait déjà plus aucun sens de toute manière.

-Prêts à voir le feux d'artifice?

Un homme du groupe semblait moins à l'aise et c'est sûr lui principalement, qu'avec un petit sourire en coin, Tyler posa ses yeux. Ce dernier eut une sorte de soupir, puis demanda si c'était bien une bonne idée. Que les gens qui travaillent dans le bureau ne sont en rien responsable des mauvais actes de la banque, qu'au fond, ils prennent peut-être le mauvais chemin. Le beau blond effaça le sourire au coin de son visage et se rapprocha vers le dénommé Jackson, qu'il prit doucement par l'épaule, après lui avoir demandé d'approcher.

-Jackson... Je comprends que tu aies des doutes. Après tout, nos petites vies ne seront plus jamais les mêmes après cette journée. Je comprends que tu sois nerveux, mais détends toi... et n'oublies jamais pourquoi on fait ça. Et puis, on ne sera jamais pire qu'eux.

Tandis qu'il parlait, Tyler l'attirait vers le bord, question qu'il ait une meilleur vue sur l'édifice dont il comptait faire sauter un étage.

-Tu es d'accord avec moi pour dire qu'il y a quelque chose de pourris dans le monde en ce moment, pas vrai? Le monde ne tourne pas rond, il est au bord de la folie. On le voit tous les jours, les dépressions chroniques, les fusillades. Le monde est fou putain, mais nous, on va les rendre complètement malade. On va faire en sorte que toutes ses règles qu'ils nous ont mis, ce système qu'ils nous ont imposé, qu'il saute. Et pour ça, on a besoin que les gens embrassent la folie, qu'ils deviennent complètement fous, qu'ils perdent leurs points de repères. Et tu sais comment on va faire ça? Avec une petite poussée!

À ces mots, Tyler pousse Jackson dans le vide et plie un genou, question d'avoir une meilleur vue sur la chute. Un sourire amusé sur les lèvres, il dit alors, en s'époustouflant:

-Woah, quelle chute? Vous avez vu ça?

Les gens avalaient de travers et Tyler prit alors un air plus dur.

-Je vous l'ai dit. C'est fini les enfantillages. Maintenant, on joue dans la cour des grands et les grands, on joue dur. Plus question de reculer, pas question de déserter. Bon, allez, on n'est pas venu ici pour rien.

Tyler sort son téléphone cellulaire et compose un numéro. Aussitôt, de l'autre côté de l'Hudson, un étage de l'édifice Goldman Sachs explose dans une détonation qui fut ressenti même de là où ils étaient. C'était impressionnant! La bombe n'était pas assez forte pour faire en sorte que l'édifice s'écroule et c'était voulu. Le jeune homme lance donc le téléphone une fois son œuvre terminée et s'en retourne vers l'ascenseur qui doit le conduire en bas, accompagner de ses camarades.

-Faites circuler la vidéo sur internet. Il est temps d'emmener un peu plus de chaos en ce monde. Qui sait, les gens y prendront peut-être goût?

C'est ainsi que sur internet, dans les heures qui suivirent, on put voir un vidéo, où, des gens de la construction, travaillant sur des rénovations dans l'édifice de Goldman Sachs, en profitait pour poser une bombe, qui éventuellement, a explosé, comme on le sait. Avec ce vidéo en fond, la voix de Tyler récitait un discours:

-Goldman Sachs, une des quatre banques les plus importantes aux États-Unis. Une banque qui a volontairement déclenché une crise de l'hypothèque et vendu des actions mobilières qu'elle savait pourrie, pour mieux les revendre. Goldman Sachs, c'est la preuve que notre système financier est pourri. Et qu'est-ce qui fait tourner le monde de nos jours? L'argent, encore et toujours l'argent. Alors j'ai décidé de leur servir une petite attention et de leur rendre la monnaie de leur pièce. Et ce n'est qu'un début...

La vérité, c'est que plus rien ne tourne rond dans ce monde et ce n'est pas seulement la faute de Goldman Sachs. Injustice, fossé entre les riches et les pauvres, ignorance de la volonté des populations, gouvernements corrompus. Rien n'échappe plus à l'État. Les vies privées sont bafouées par des programmes et des systèmes entiers. Comment se fait-il que la masse, le 99%, soit ainsi soumis à un 1% qui la contrôle, la tient par la gorge? Si vous cherchez un coupable, regardez vous dans le miroir...

Je sais pourquoi vous avez accepté cette situation. C'est plus simple pas vrai? On se préoccupe bien plus du prochain Twilight, de la nouvelle paire de tennis à acheter que de ce qui régit notre monde et c'est ce qu'ils veulent. La guerre, la terreur, les pandémies, il y a mille raisons de courber l'échine et de laisser l'État faire ce qu'il veut de nous. Tout ce qu'il demande en retour, c'est votre obéissance aveugle. Et le monde tourne...

Alors ce coup de tonnerre, ce n'est que le début de l'orage. La liberté est plus qu'un mot, c'est une perspective. Si vous voyez ce que je vois, si vous vous sentez comme je me sens et si comme moi, vous aspirez à davantage, alors je vous encourage à vous levez, à vous révolter et ensemble, nous les ferons tous trembler et ce n'est pas qu'une banque qui aura à nous craindre désormais.