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L'humanité se divise en trois catégories : ceux qui ne peuvent pas bouger, ceux qui peuvent bouger, et ceux qui bougent.


N’avez-vous jamais eu l’impression de ne pas être à votre place ? D’être de trop ? En tous cas ce fut mon cas lors de l’enterrement de mon père à la fin de l’année 2011. Je n’avais jamais été très proche de papa et c’est pour cela que j’avais quitté Londres sans grandes convictions. Presque à contre cœur. Non pas que je l’aimais pas, car malgré ce simili de silence qui régnait entre nous de son vivant, je l’aimais beaucoup et petite, lorsque je me trouvais prêt de lui, je me sentais à l’abri de tous dangers. Cependant j’avais appris la nouvelle les yeux secs et je n’avais pas versé la moindre larme, durant le voyage jusqu’à la ville de Paris. Mon vieux c’été fait tirer dessus lors d’une fusillade dans un sale quartier parisien il n’avait perdu la vie que quelques jours plus tard, des suites de sa blessure. Je n’étais plus venu dans la capitale depuis un long moment, j’avais presque oublié les gens, les parisiens, c’est vrai qu’ils étaient cons, qu’ils se fichaient de se qu’il se passait autour d’eux. Rien à voir avec les gens des pays en guerres, qui eux, fusillaient du regard le moindre étranger. Mais cette psychologie de comptoir n’étant pas faite pour moi, elle ne tarda pas à me donner un mal de tête de l’autre monde et c’est donc avec l’esprit embrumé que j’ai assisté aux funérailles de mon père.


Au milieu de sexagénaires, je ne me sentais vraiment pas à ma place et j’avais l’impression d’être la fille indigne, incapable de pleurer pendant la veillée de son géniteur. Pendant toute la veillée funèbre, mes yeux de biches se sont posés sur chacun des amis de mon père. Peut-être faisaient-ils partis du même club de bridge que lui. Il ne s’agissait là que d’une supposition et je n’avais même pas envie de leur parler pour avoir une réponse. Mais je savais que depuis la mort de maman il y a treize ans il passait son temps à jouer aux cartes et donc au bridge qui restait son jeu favoris. Moi je détestais ce jeu, presque autant que je haïssais les regards que me lançaient les proches de feu mon père. Quand je n’été encore qu’une pré-adolescente, ne cherchant qu’à se faire de nouveaux amis et surement de trouver un « petit-ami », mon père m’obligeait à l’accompagner dans son bar préféré. Perdu au cœur de Paris. Tout ça pour ne pas à avoir à payer une baby-sitter lors de ses interminables parties de bridges et parfois de rami. A l’époque je passais des heures assise sur une chaise en bois, dure et mal arrangée. Comme lors de cette fameuse veillée, comme lors de cette nuit qui ne semblait ne plus se terminer. Au bout de plusieurs heures j’aurais pu m’endormir, mais les sanglots d’une des invités, me réveilla… Me sortant de mon sommeil… Me rappelant une autre veillée… Celle qui avait eu lieu neufs années plus tôt lors de la mort de ma mère. Elle avait eu lieu dans une ville différente, avec des gens différents et à une époque différente, mais déjà à l’époque la nuit du 9 Février m’avait semblé interminable. Heureusement et malheureusement, j’avais pu quitter la salle à cause de ma santé défaillante. Pour une fois que ma constitution fragile me sauvait la mise… Mais cette fois-ci je ne pouvais pas me défiler. J’été devenue une adulte et je n’avais pas mal et je me sentais même pas fatiguée. En plus je n’aimais pas mentir.

Plus jeune j’avais souvent tentée de tromper mon père, j’avais souvent tenté de lui mentir, pour sortir avec mes amies, boire, danser, embrasser des garçons, mais celui-ci m’avait toujours démasqué. Au début croyais qu’il été doté d’un don extraordinaire, puis je me suis rendue compte que je n’été – et que je suis toujours- une bien piètre menteuse. Vous savez généralement les veillés et les enterrements sont les moments ou on réfléchit le plus. Souvent de la vie après la mort, de dieu, du sens de la vie. Moi je ne pensais pas à ce genre de questions existentielles. Pendant la fermeture définitive du cercueil j’ai eu comme une sorte de flashback, j’ai repensé à ma vie. Et maintenant avec le recule, je me dis que je n’ai pas souvent été très tendres avec les gens que j’aime, pas par méchanceté, mais surtout par manque de tacts. Aujourd’hui encore j’ai beaucoup de mal à exprimer mes sentiments et étant incapable de mentir sur mes sentiments, je n’ai jamais dû dire « je t-aime » à un seul de mes ex petits amis, à ma mère et évidemment à mon père. Cependant quand je vivais à Dublin, puis quand je suis partie faire mes études de musicologie à Londres, je n’ai jamais de mal à prouver mon amitiés à mes amis qui me considèrent toujours comme la boute-en-train du groupe. Surement qu’aujourd’hui encore je considère l’amitié plus importante que l’amour. Peut-être que je suis stupide, mais je ne m’en rends pas vraiment compte.

Bref le temps passa, la procession nous mena jusqu’au cimetière et là…. La vieille de cette nuit recommença à pleurer. Qui était-elle ? La meilleure amie de papa ? Une hypocrite désireuse d’être remarquée par les autres ? Je n’en avais pas grand-chose à faire, vêtue de noir, debout, les bras croisés, je me suis demandée ce que les gens allaient dire de moi lorsque j’aurais rejoins mon père et ma mère dans le caveau familiale ?

« Laila Marie Azerraf, née en 1978 à Dublin et morte en 2085 à Londres – du moins j’espère – femme de lettres ayant travaillée pour les plus grands journaux du monde, remerciement à cette jeune femme pour sa carrière extraordinaire en tant que journaliste et photographe Ayant toujours eu le sourire, la demoiselle a grandie dans la ville de Paris, entourée par un père banquier et par une mère agent de police, Laila n’a jamais redoublé une seule fois et a toujours été une élève modèle et même plutôt polie. elle a quitté Paris en 2005 pour partir étudier à l’école supérieure de la photographie d’Arles Très douée, elle passa cependant une année entière à l’hôpital à cause de sa consistance fragile due à un manque de globules blancs. Elle reprit cependant ses études normalement avant d’exploser médiatiquement au début des années 2000»

J’aurais aimé qu’un prêtre tienne ce genre de discours en parlant de ma personne, mais malheureusement je le sentais. En effet je ne me sentais pas destinée à un grand avenir. Et puis en y repensant je n’avais jamais rien fait de bien impressionnant. Je n’avais eu que la chance de naitre belle et intelligente, mais rien d’autre. Et avec du recule la période de mon enfance que j’ai souvent tendance à fantasmer, n’été pas si belle et qu’au contraire j’été souvent sujette aux railleries de mes camarades. Certains me considérants comme un oiseau de mauvais augures… Peut-être à cause de mes cheveux cendres et de mes yeux noirs… Cet enterrement dans lequel j’avais vraiment l’impression d’être le mouton noir du troupeau ne fit que confirmer ce sentiment. A Londres j’avais quelques amis, non, des connaissances, nous n’étions pas assez liés pour être des amis… Mais… Je ne me sentais pas entièrement à ma place. C’est après ça que j’ai été contactée par l’APO, une agence secrète apparemment intéressée par mes talents de photographes et surtout intéressée par les différents contacts que j’avais pu gagner lors de mes différents voyages dans le Tiers Monde.