when you came in the air went out.
and every shadow filled up with doubt.

Il est là, toujours, perfide, ses yeux suivant le moindre de ses mouvements. Elle bouge négligemment la main, elle l’aperçoit bouger la tête, imperceptiblement, juste pour elle. Elle seule le remarque par ailleurs, il ne joue que pour elle, ne respire que pour suivre ses courbes incendiaires. Et elle ne respire plus, elle vit dans l’expectation d’un ailleurs, d’un après, d’un semblant de paradis. Elle se contenterait même de l’enfer, tout mais pas ça, tout pour échapper à sa présence, constante. « Ella, le pain. » Son ton indique qu’il lui a déjà demandé à plusieurs reprises. Mais Ella n’écoute pas, elle n’écoute jamais parce qu’elle ne veut pas entendre. Elle ne veut pas voir qu’il ne remarque pas, qu’ils ne le remarque pas, perfide comme le serpent qu’il est. Pourtant, elle attrape le pain et le passe à son père avant de revenir invisible pour tout le monde, sauf pour lui. Elle ne se résout pas à le regarder et pourtant ne peut s’y contraindre. Paradoxe douloureusement limpide qui régit sa vie. Ses yeux croisent les siens mais déjà il est ailleurs, loin d’elle, en apparence du moins car il n’est jamais vraiment loin. Il est toujours là, tapit dans l’ombre, à l’affut de la courbe d’un sein ou de la naissance de ses clavicules.