(c) white rabbit

Je suis personne et tout le monde à la fois


J'étais la petite dernière de la famille. Mon père travaillait, il fabriquait des bracelets qu'il essayait de revendre avec ma mère. J'avais un frère âgé de deux ans de plus que moi et un autre de cinq ans de plus, lui il travaillait aussi, il portait des sacs. On avait une petite maison dans les taudis, j'étais dans la même chambre que mes frères et mes parents, c'était petit. Nos murs et notre toit était fait en taule et autres trucs qu'ils ont trouvés. C'est dans ce contexte que j'ai grandis pendant mes quatre premières années, vivant à quelques pas de ces villas luxueuses où ils jetaient leurs bouffes en trop dans les poubelles et dépensaient sans compter. Seulement les quatre premières..

x Tout peu basculer

Je tenais une pierre assez grosse dans ma main d'enfant, mon regard marrons fixant un homme avec méchanceté.. J'étais à deux doigts de lui sauter dessus, lui jeter cette pierre pour le réduire en bouillie mais je sentais ma mère me pousser en arrière en me disant de partir. Je fronçais les sourcils alors que sentait le regard de cet homme me dévisager bizarrement. Il semblait vouloir négocier avec mes parents.. Je n'arrivais pas à comprendre quoi mais j'obéissais à ma mère, me reculant un peu sans vouloir pour autant partir. J'étais curieuse, je voulais savoir ce qu'il voulait.. Le ton commençait à monter avant que je ne comprenne. Il voulait m'acheter. Beaucoup de filles de mon bidonville se faisait acheter, je ne savais pas ce qu'il leurs arrivaient. Rien de bien vu l'énervement toujours plus grand de mon père. Je jeta un dernier regard à mes parents, m'éloignant petit à petit à contre-cœur. J'étais jeune mais je n'étais pas débile, les engueulades pouvaient vite dégénérer ici.. La misère rendait les gens plus agressifs, sans la moindre once de compassion pour pouvoir manger un simple bout de pain.. C'était toujours plus facile d'avoir peur de tout ces habitants des bidonvilles plutôt que d'essayer de comprendre qu'un estomac qui hurle de faim peut rendre différent bien des personnes, tenant sur leurs jambes par la rage de vouloir s'en sortir coute que coute. C'est sans compassion que les plus chanceux passent devant eux en les ignorant, eux ils mangent à leurs faims, alors c'est sans compassion que les plus pauvres les égorgent pour leurs voler leurs biens.

Je me stoppais net sur place en entendant un coup de feu raisonner, puis un autre. Je me retournais pour regarder dans leurs directions alors que leurs corps gisaient sur le sol. Je sentais ma gorge se nouer d'effroi alors que je me mis à courir entre les ruelles serrées et sales pour semer cet homme. Je ne voulais pas savoir ce qu'il arrivait à toute ses petites filles qu'ils achetaient, je voulais juste m'enfuir et trouver un coin à l'abri. Mes frères devaient être quelques parts.. Je voulais les retrouver mais je ne savais pas où chercher.. Je laissais mes pieds me guider entre les rues avant de me planquer dans un petit trou où je me glissais sans mal, j'étais petite et menue. Je ne sais même pas combien de temps je suis resté ici, à attendre. Je me suis enfin relevé quand la nuit tombait, laissant apparaître quelques étoiles dans le ciel obscure. Mes entrailles se pressaient comme si mes larmes ne pouvaient être retenu plus longtemps.. Je sentais ses petites perles sucrés qui coulaient sur mes joues alors que je marchais dans la foule des habitants de Rio.. Mon regard se posant de temps en temps sur des voitures noirs blindés ou des couples qui se baladaient dans les rues pour visiter.. C'est par ici que je vendais mes bracelets avec ma mère et mon père. Les gens étaient radins, ils ne voulaient que rarement en acheter, ils préféraient prendre quasiment les mêmes en boutiques. Après tout... On est les pauvres, les truands ou encore les voleurs non fréquentable.. S'ils savaient au moins comme je rêverais de manger un vrai repas ou d'avoir des vêtements confortables et propres, comme eux. Je les enviais mais je ne faisais pas parti de leurs mondes, je n'avais le droit qu'à leurs ignorances. Aujourd'hui, je n'étais qu'une orpheline de plus dans les rues de Rio.

x La période sombre

J'ai erré ainsi dans les rues à voler les passants pendant un bout de temps. Ce n'était pas compliqué, ils ne faisaient même attention à moi alors que j'en profitais pour leurs faire les poches. La prochaine fois ils feraient peut-être un peu plus attention. Trois ans dans la rue, ça semble être une éternité.. J'avais sept ans mais j'avais déjà l'impression d'être une adulte à devoir me débrouiller seule.. Mes frères ? Je les ai cherchés, j'ai passé trois longues années à tenter de les trouver, mais rien.. J'espérais au fond de moi qu'eux aussi avait su se débrouiller seuls. Je n'aurais pas tenu encore très longtemps pour ma part.. J'ai eu de la chance comme on dit. Une chance qui pourrait vite devenir un véritable cauchemar.. J'allais voler des fruits dans un petit magasin quand le vendeur m'a surprit. Il m'a donné l'occasion d'avoir une nouvelle vie, il me logerait et me donnerait à manger, en échange, je devais juste l'aider à avoir de l'argent. Au début je croyais que c'était seulement l'aider au magasin.. Je ne savais ni lire ni écrire, il a du m'apprendre. Puis il m'a apprit à compter. Au bout de trois mois, j'avais enfin compris ce qu'il attendait vraiment par « rapporter de l'argent » mais aussi ce qu'ils arrivaient à ses autres filles de mon âge.. Ces personnes riches venaient au Brésil, et certains d'entre eux en profitaient pour aller se faire plaisir avec ce qu'il se faisait de mieux.. Les gamines de mon âge. Je vous épargne les détails glauques, comme dit le rappeur Dooz Kawa, c'est la misère pas marrante qui ne ferait pas disque d'or. Au bout d'une année j'ai craquée.. J'ai voler de l'argent dans sa caisse, puis j'ai pris son arme qu'il cachait toujours derrière le comptoir et je suis sorti. Quand je suis revenu au magasin, j'avais deux bidons d'essence avec moi que j'ai posé à l'entrée alors que je pouvais entendre « mon patron » arriver vers moi énervé. Il avait dû s'apercevoir que sa caisse était vide. Je l'ai foudroyé du regard en sortant l'arme. Puis le coup de feu à raisonner sans l'ombre d'une hésitation alors qu'il s'écrasait lourdement au sol, blessé.. J'ai commencé vider les bidons dans toute la boutique, l'aspergeant lui aussi alors qu'il agonisait et me suppliait. Je suis resté sourde à ces excuses et ses supplications, j'ai seulement allumé la flamme avant de m'enfuir. Je me retrouvais à nouveau à la rue, mais avec de l'argent et une arme.. Plus aucun de ces pervers ne poseraient ses mains sales sur moi.

x Mercenaire, au moins ça paye

J'ai rejoins un gang du haut de mes neuf ans. J'étais la plus jeune mais ne croyez pas, je n'étais pas la seule fille du groupe. Les deux autres filles étaient sûrement encore plus mauvaise que les garçons. J'ai pris modèle sur elles. J'étais devenue très renfermée et froide. On recevait des contrats, rien de compliqué, on devait tuer des personnes. Aucune distinction d'âge ou de sexe. Pareil pour tout le monde. Comme quoi, l'égalité peut encore exister. Petit à petit j'ai appris à me lâcher et à m'amuser avec eux. On faisait pas forcément des bonnes conneries, mais c'était marrant. On se fabriquait des cocktails molotov spéciale maison qu'on balançait dans les quartiers riches. J'adorais quand ça explosait. J'ai passé pas mal d'années avec eux. C'était la belle époque même si je pouvais mourir du jour au lendemain, un contrat se posant cette fois sur la mienne de tête. Puis un matin de bonne heure, j'entendais frapper à ma porte. Je m'étais redressée, prenant mon arme déjà chargé et prête à l'emploi. Il n'y avait personne dans le couloir de l'hôtel.. Seulement une lettre posé là au sol. Je me souviens avoir eu un sourire narquois en me disant que c'était le mec de l'accueil qui avait reçu une lettre pour moi mais que je lui faisais peur, alors il avait préféré partir avant de tomber sur moi. Il avait bien fait. Je l'avais pris, fronçant les sourcils en lisant « lis-la seule ». J'avoue que ces derniers temps j'avais fais fort dans mes assassinats et je faisais parler de moi, ce n'était pas forcément une bonne chose si je voulais survivre longtemps. J'avais quinze ans. Six ans déjà que je faisais ça. L'enfance n'est qu'un vieux souvenir déjà effacé de ma mémoire depuis bien longtemps. Le prénom de mes frères ou même ceux de mes parents, je ne m'en souviens plus. Même le mien je l'ai oublié, je m'en suis donné un nouveau quand j'étais tombé sur le vendeur : Kiara Mendoza, et à force, j'ai fini par oublié ma vraie identité, j'étais trop jeune. Ensuite ceux de mon gang s'amusait à m'appeler Ricca, c'était affectif et je l'ai pris comme deuxième prénom. Après tout, je ne suis personne, je peux bien choisir ce qu'il me plait. Bref. J'ai eu du mal à croire cette lettre... Moi ? Etre repéré par une agence gouvernementale ? L'APO ? Il m'offrait une chance de me joindre à eux mais pour cela je devais tout quitter. Je n'ai pas réfléchis longtemps, si je pouvais avoir l'occasion d'avoir une vraie seconde chance, je ne pouvais qu'accepter. J'allais enfin pouvoir me sortir de cette misère. J'ai donc dis oui, disparaissant du jour au lendemain de Rio, mon gang allait me croire morte et ils m'oublieraient vite. Je ne suis pas allé tout de suite sur le terrain à mon grand désespoir. J'ai du suivre des cours intensifs pour me remonter déjà mon niveau scolaire, ils ont déjà eux de la chance, je savais lire, écrire, compter et faire des calculs tant que ça ne devenait pas non plus trop complexe. Je me suis spécialisé dans le combat et les explosifs. L'action pur et dur, ce que je préférais !

x Maintenant..

Jusqu'à mes dix-huit ans, j'ai été entrainé. Ma réputation de bourrine dans l'agence n'est plus à faire. Tout ceux qui ont travaillés avec moi ont eu des belles frayeurs mais aussi des bons moments. J'ai gardé certaines vieilles habitudes de ma favelas, sûrement pour ça que je déteste travailler en équipe. J'ai toujours du me débrouiller seule et voilà que j'avais des fois une gêne dans les pattes. Alors que j'avais vingt-quatre ans, j'ai rencontré un homme.. Je me suis douté qu'il faisait quelques magouilles mais ça m'est égale, tant que je n'avais pas un contrat sur ça, je n'avais aucune raison de l'emmerder. Je fermais donc les yeux sur ça et on a commencé à se fréquenter.. Au début ce n'était surtout que pour le temps de quelques nuits bien agités, puis au fil des années, ça a commencé a devenir plus sentimentale, du moins pour moi.. On ne se voyait pas si souvent que ça, mais j'étais heureuse d'être à nouveau dans ses bras quand on était à nouveau ensemble. Maintenant je crois que j'aurais jamais du commencer cette relation.. Je suis enceinte d'un mois. Je ne sais pas encore comment je vais me débrouiller, mais c'est certain que mon agence ne va pas aimer ça quand ils finiront par l'apprendre.. Lui non plus ne le sait pas encore..