Je suis né à Paris, en France, pour les incultes. Mon enfance a été banale. Un père travailleur, une mère au foyer, un grand frère modèle. Je n'exagère pas en disant que ma famille était une sorte de stéréotype. Des écoles de quartiers dans lesquelles je suis allé, c'est mon collège qui m'a le plus marqué. A douze ans, j'ai arnaqué mon premier pigeon. Enfin, mes premiers pigeons. Quand c'est arrivé, je savais que je changerai de collège à la fin de la semaine. J'ai promis à toute la classe de faire leurs devoirs, étant le premier de la classe. En échange d'une légère rémunération, cela va de soit. Mon argent, je l'ai vu. Leurs devoirs, ils les attendent encore, et j'ai disparu de leur vie. Le plaisir que j'ai ressenti était plus intense que tout ce j'avais pu ressentir avant.
Au lycée, je continuais mes petites arnaques quand je pouvais. Ma devise de l'époque, c'était " passe, arnaque, débarrasse ". Un Bac S avec mention en poche, direction la prépa et j'enchaînais avec l'école Polytechnique, qui m'a généreusement ouvert ses portes. Des études d'ingénieurs m'offraient des méthodes d'arnaque nouvelles et inexplorées. Diplôme en poche (avec quelques sauts de classe), la fête a commencée. J'ai laissé mes parents aux soins de mon frère et je suis parti du domicile familial. Partout où je passais, quelqu'un perdait quelque chose. Mes arnaques et couvertures étaient de plus en plus élaborées. Ce que je préfère, c'est quand des types, pas forcément très cleans non plus, se font attraper à ma place. Quand c'est des personnes vraiment innocentes, je mets ma tenue d'avocat et je les fait libérer. C'est très drôle aussi.
En quelques mois de pratiques, j'avais fait un peu tous les personnages. L'honnête banquier qui aide ses clients comme le petit secrétaire homo qui a les faveurs de son patron. Puis je me suis fait attraper. L'histoire de la juge allumeuse. J'avais essayer de cambrioler une banque par ordinateur. Elle a fait passer ça pour, je cite " une erreur de transmission de l'information qui a conduit à un problème de système... "; en fait je vais vous donner la version courte. Elle disait qu'avec ses conclusions, j'étais en train de réparer le système, pas de le pirater. J'avais vingt et un ans et j'étais doué. Très doué. Le meilleur. Puis je suis tombé amoureux. Une de mes victimes, qui avait des contacts avec des types que je visais. Mais elle m'a quitté au bout de dix mois à peine.
Je me suis senti seul. Alors j'ai décidé de faire un grand coup. Quelque chose de magistral, avant de partir sur une île perdue dans l'océan. J'ai trouvé un groupe criminel (des Russes je crois) qui voulait de moi. Je les ai servis et je les ai arnaqué. Ils ont rien vu venir. C'est chez eux que j'ai appris à tirer. Mais j'ai jamais tué. C'était aussi une de mes règles. Tirer pour fuir, pas pour tuer. Je suis pas un assassin. Mais les situations bloquées, j'ai pas encore connu. Pas les vraiment bloquée. Quelques unes, oui, mais je m'en suis sorti par la ruse, comme à mon habitude.
Enfin bref. Mon gros coup était fait, je me suis barré à New York. La Grosse Pomme était mon terrain de jeu. Une ou deux arnaques pour passer le temps et j'aurais eu mon île. Pourquoi " j'aurais " ? Parce que j'ai reçu une lettre. Quelque chose qui allait bouleverser ma vie. A jamais.
Maintenant je fais partie d'une organisation appelée APO. Franchement, ça me fait bizarre. Je suis pas habitué à avoir un travail honnête. Enfin, semi-honnête pour le coup. Les patrons, je connais pas. Attention, c'est pas que j'ai aucun respect pour eux, c'est juste que j'ai horreur d'avoir les mains liées. Je préfère bosser avec mes méthodes, faire les choses à ma façon. Il y a aussi ce fameux " travail d'équipe ". Je fais mes coups en solo, alors il va falloir que je m'y fasse.
Au moins il y a des avantages. J'ai gardé un mode de vie assez proche de celui que j'avais et je peux voyager aux quatre coins du monde sans débourser un euro. Mais ce qui me fait peur, ce que j'appréhende toujours, c'est les situations où je devrai tuer. De sang froid. Face à ma victime. Je ne sais pas comment je réagirai dans ce cas là. Et ça, ça change tout.