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« On ne renie pas son enfance… On l'enfouit au fond de son coeur, et l'ombre portée, l'ombre magique devient un symbole. »

SAINT-PÉTERSBOURG
08 : 00 P.M
02 JUILLET 1993

IRINA « С днем рождения Cameron ! »
(Joyeux anniversaire Cameron)

CARTER « Идущие дыхания на ваших свечах и делают желание ! »
(Allé souffles sur tes bougies et fais un vœu !)

La petite tête blonde, dont seul le haut du crâne et les yeux dépassaient au dessus de l'immense table en bois massif, lança un regard à sa mère qui s'empara de son petit corps frêle afin de le hisser sur ses genoux. Le petit garçon prit alors une grande bouffée d'oxygène et souffla de toutes ses forces sur les 5 bougies présentes sur le gâteau. Son vœu ? Que sa maman arrêtes de pleurer le soir, seule, recroquevillée sur elle même en serrant si fort l'emprise de ses doigts sur les draps que les jointures de ses mains devenaient blanche... Pourquoi une femme si magnifique qu'Irina laissait elle des sanglots envahirent ses yeux bleu océan ? La jeune maman du Cameron venait d'endurer en moins d'un an, deux fausses couches consécutives et son mari, Carter, n'avait de cesse de voyager à travers le monde pour son entreprise d'import/export laissant la solitude s'emparer de sa femme...

Le petit homme n'était pas pour autant malheureux. Issus d'un milieu modeste, sa mère étant femme au foyer, c'est son père qui, malgré son agenda de ministre, gagnait assez bien sa vie pour subvenir aux besoins quotidiens de sa famille. Curieux et casse-cou, Cameron était donc fils unique et aux yeux de sa mère la septième merveille du monde ! Surprotéger de tout ce qui l'entourait, l'enfant naviguait entre les Etats-Unis (sa Terre natale) et la Russie (ses origines et le pays d'Irina) sans jamais s'attacher à quiconque tant les voyages étaient incessants. Jusqu'à l'âge de ses 14 ans, il suivait des cours par correspondance et il ne s'en plaignait pas mais un jour il faut bien que la bulle, dans laquelle on vous a enfermé, éclate. Son père décéda lors de son quinzième anniversaire, alors que, comme tout les 02 Juillet, la famille était réunit à Saint-Pétersbourg. Un coup de téléphone retentit et Irina décrocha en pensant que c'était un appel de son mari pour excuser son retard... C'est ce que pensa aussi Cameron... Jusqu'à ce qu'il voit avec ses yeux d'enfant, la femme qu'il aimait le plus au monde, tomber au sol, éclater en sanglot, le téléphone toujours en main. Impossible de comprendre les mots qui sortaient de sa bouche ! Il accourra alors pour s'emparer du combiner et entendre le bruit sourd du "BIP" de fin d'appel. C'est donc une heure plus tard, après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, qu'Irina expliqua à son fils que son père était mort dans un accident de la circulation lorsqu'il était en route pour les rejoindre...

Tout ce dont Cameron se souvient aujourd'hui, c'est de la main de son grand-père qui saisit de manière compatissante son épaule pour le tourner vers lui, s'accroupir en plongeant son regard dans le sien et murmurer ses quelques mots...

VLADIMIR « Теперь, это - вы человек дома. »
(Maintenant, c'est toi l'homme de la maison.)

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« La maladie de l'adolescence est de ne pas savoir ce que l'on veut et de le vouloir cependant à tout prix. »

AUSTIN, TEXAS
10 : 15 A.M
26 NOVEMBRE 2005

Les cris stridents des pom-pom girls résonnaient dans les gradins tandis qu'une vingtaine d'athlètes se préparaient à rentrer dans les vestiaires. Parmi eux se trouvait un jeune homme d'environ 1m85, allié droit de l'équipe de football Américain du Lycée. Un grand gaillard tout en muscle qui, à chaque fois qu'il relevait son tee-shirt pour éponger la sueur s'écoulant de son front, déclencher l'hystérie des filles venues là pour observer les plus beaux mâles de l'établissement ! Celui qui les mettait dans cet état second ? C'était bel et bien Cameron qui leur décocha un sourire en coin séducteur avant de s'ébouriffer les cheveux en secouant la tête, charrié par l'un de ses camarades. Quand soudain, il sentit la terre se dérober sous ses pieds et son corps heurta violemment le sol ! Avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre, on l’assailli de coup de poing ! Par instinct, le jeune texan bloqua les coups de son assaillant en se protégeant le visage à l'aide de ses avants bras puis il se servit de ses jambes pour faire une prise et retourner la situation en passant au dessus de... Son meilleur ami ! Incrédule, Cameron se releva en essuyant le filet de sang qui s'écoulait de ses lèvres, les sourcils froncés...

CAMERON « T'as perdu la tête ou quoi Chuck ?! »

CHUCK « Dixit celui que je considérais comme mon frère et qui se permet même de se taper ma copine dans mon dos ! »

CAMERON « Mais tu dérailles vieux, jamais je ne t'aurais fait une chose pareil ! »

D'un geste amical, il lui tendit sa main pour l'aider à se relever... Chuck soupira et l'accepta bien volontiers. C'était ça, le lycée. Les aléas des rumeurs plus folles les unes que les autres et le lot quotidien des gens dits "populaires". Tout le monde sait que les sportifs étaient toujours les plus appréciés, ou du moins les plus respectés ! Cameron s'était parfaitement intégré à l'équipe et il était devenu un pilier. Accessoirement il faisait de vrais ravages auprès de la gente féminine sans pour autant y prêter une réelle attention, non pas qu'il soit gay, mais le jeune homme était bien trop occupé à s'entraîner, réviser, voir ses potes et surtout : s'occuper de sa mère.
Depuis le décès tragique de son père cumulé à ses trois fausses couches, Irina était tombée irrémédiablement dans une dépression dont elle n'arrivait plus à s'extirper. Grâce à l'aide de Vladimir, le grand-père de Cameron, ils arrivaient à bien vivre. il leur envoyait régulièrement des sous tout les mois afin qu'ils aient une vie descente. Le blondinet avait bien essayé de trouver un job mais sa mère avait catégoriquement refusé, prétextant qu'il devait se concentrer sur ses études pour avoir, plus tard, une bonne situation. En apparence, c'était un adolescent comme les autres. Il sortait souvent avec ses amis, il avait eu une ou deux petites amies mais ça n'avait pas duré longtemps, c'était le clown du groupe et l'oreille attentive à qui on pouvait tout confier sans crainte. Également plutôt bon élève, ne faisant pas partit des meilleurs mais pas non plus des plus nuls, il était aussi excellent sportif. Autrement dit, Cameron avait tout pour lui ! Sauf que depuis l'âge de cinq ans, il se reprochait la mort de son mentor, son exemple... Son père. Si il ne s'était pas dépêché pour rentrer et fêter l'anniversaire de son fils, alors peut être serait il encore en vie. C'est ce qui hantait jour et nuit les pensées de cet enfant devenu trop rapidement un homme. Pourtant il ne baissait pas les bras et faisait toujours preuve de détermination, la fierté qui faisait briller les yeux de sa mère lui faisait tellement de bien. C'était son unique motivation. Alors, une fois son diplôme en poche, Cameron se dirigea vers des études de Communication pour essayer de mettre au service de la publicité son imagination débordante et sa facilité de compréhension des besoins d’autrui. Il voulait essayer de mettre un peu de couleur dans la vie des gens, même si ce n'était que pas le biais d'une pub de trente secondes, il aurait la fierté de se dire qu'il pouvait faire sourire les gens. C'était sans compter sur l'apparition soudaine de la CIA, un an plus tard...

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« Quand on fait de l'espionnage, on ne choisit pas la manière du combat, on profite des circonstances... »

CUBA, AMERIQUE CENTRAL
03 : 48 A.M
13 JUIN 2010

Une chaleur étouffante. Un hôtel ou plutôt un véritable taudis et en fond sonore une horrible chanson folklorique cubaine s'échappa d'un vieux poste grésillant plus qu'autre chose. Au beau milieu du lit, un corps reposait inerte. Seule le souffle rauque qui s'échappait d'entre les lèvres de l'homme laissait l'espoir d'une quelconque vie dans cette chambre aussi bien décorée qu'insonorisée puisque la musique provenait de la chambre voisine. Cameron grimaça en voulant bouger lorsque son cellulaire retentit, ou plutôt sa montre. Il arriva tout de même à toucher du bout des doigts l'objet qui s'ouvrit et laissa place à un minuscule écran sur lequel s'afficha une femme d'une cinquantaine d'année.

DDCI « Agent Stavros, nous attendons toujours le rapport de votre mission. "

CAMERON « Je suis en vie, merci de le demander ! Tout s'est bien déroulé. Vous aurez le rapport détaillé et le disque dur contenant toutes les informations requises en relation avec l'attentat contre nos deux avions sous peu. J'ai également exécuté Luis Posada Carriles. »

DDCI « Faire exploser un entrepôt en plein Cuba signifie pour vous que tout s'est bien déroulée ?! Qu'est ce que vous ne comprenez pas dans le terme "discrétion" ? »

CAMERON « Peut être que si vous m'aviez prévenu que le dit Luis avait érigé une armée, j'aurais pu faire ça dans les règles de l'art ! Et puis les contribuables vous payent assez pour que vous puissiez envoyer une équipe de nettoyage. Sur ce, de rien pour le coup de main ! Liaison terminée. »

Et sans un mot de plus, il coupa la connexion en jetant sa montre dans un coin de la pièce. On pouvait apercevoir des commotions au travers de son haut déchirer. Luisant de sueur, recouvert de noir, et surtout de sang, Cameron se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche bien méritée, vérifier l'étendue des dégâts et soigner avec les moyens du bord ses blessures avant de prendre l'avion pour la Virginie et ainsi recevoir des soins digne de ce nom !

Voilà ce qu'était devenue sa vie. Cela faisait un peu plus de cinq ans qu'il faisait partit des membres de la CIA. Recruté sur le tas après un entraînement de kick-boxing, il avait suivit bêtement les instructions inscrite dans la lettre de "recrutement" et avait ainsi prit un allé sans retour pour le monde de l'espionnage. Bien évidemment, Cameron adorait son boulot : l'adrénaline, l'action, les combats, la satisfaction d'aider des milliers de gens dans l'ombre. Mais voilà, après avoir passé quelque mois à Langley (le camp d'entraînement de la CIA) le jeune homme avait littéralement changé... Pour protéger sa mère il avait dû lui mentir en lui expliquant qu'il avait eu son diplôme (l'agence lui avait laissé continuer ses études en parallèle et il avait été diplômé en communication) et qu'une grande agence de publicité l'avait recruté et envoyé en Virginie. Ça faisait maintenant trois ans qu'il n'avait pas eu le temps d'aller lui rendre visite et ça le rendait malade... Pas d'attache. c'était la règle numéro un à suivre. Alors l'ancien étudiant s'était renfermé sur lui même, ne vivant que pour son boulot. Il maîtrisait parfaitement l'art et la manière d'être un "autre" que lui. Cameron pouvait se mettre dans la peau de n'importe qui. Un informaticien prometteur ? Déjà fait. Un riche magnant de diamant russe ? Déjà fait. Ça lui permettait d'échapper à sa propre vie qu'il avait depuis longtemps laissé filer... Mais à l'âge de 24 ans, d'autres envies taraudent l'esprit froid de l'espion... Qui sait, il se pourrait que son moi profond refasse surface plus vite qu'il ne le pense... Mais, en attendant, d'autres missions l'attendent ! The Show Must Go On !

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« C’est souvent quand le rideau tombe qu’on commence à se poser les vrais questions sur la personne qu’on aimerait être sur celle qu’on aurait pu être ou sur celle que nous voudrions être. »

VIRGINIE, ETATS-UNIS
QG DE LA CIA
06 : 00 A.M
12 DECEMBRE 2011

DDCI « Si vous êtes aujourd’hui convoqué dans mon bureau, c’est pour plusieurs raisons. La première, votre comportement. Votre refus d’appliquer strictement les procédures, d’obéir aux ordres qui vous sont adressés ainsi que votre impulsivité mettant votre vie et l’agence en danger. Tout ceci est inacceptable. Je pensais pourtant vous avoir assez prévenu. Nous avons fait plus d’un compromis afin de gérer vos excès de colère et vos déboires mais, à présent, ce n’est plus possible… Cependant. Nous ne pouvons nier que vous êtes un très bon élément, c’est pour cela que nous avons décidé de vous offrir une dernière chance. Voilà ce que nous vous proposons : vous allez devoir infiltrer un groupe de narcotrafiquants en Ukraine qui opère depuis près de deux ans dans l’ombre en comptabilisant à leur actif un trafic de transit à la toxicomanie de masse. Vous aurez une nouvelle identité : Sergueï Nimovnemovitch. Un casier judiciaire a été prévu afin d’appuyer votre profil. Vous rentrerez en tant qu’homme de main. Votre travail là bas consistera à monter rapidement les échelons afin de devenir le bras droit de leur chef, Louri Kravchenko. Vous devrez récupérer un maximum d’informations, poser des micros, pirater leur informatique pour y placer des mouchards, être sur tous les coups de ce gang pour, finalement, nous permettre d’incarcérer un maximum de membre du groupe et faire tomber ce réseau. »

CAMERON « … Et si je refuse ? »

DDCI « Si vous refusez, vous serez incarcérer en isolement au sein d’une prison fédérale de haute sécurité en attendant votre procès. Les chefs d’accusations seront : subordination, mise en danger de secrets d’états et crime contre l’humanité. »

CAMERON « Donc je n’ai pas vraiment le choix… Je suis d’accord. Laissez moi juste le temps de prévenir ma famille et une amie. Ensuite, je ferais tout ce que bon vous semblera. »

DDCI « Impossible. Votre acte de décès sera publié dans tous les journaux. Votre enterrement aura lieu dans trois jours. Votre identité doit disparaître afin que vous puissiez mener cette mission à bien. Personne, je dis bien personne, ne doit être au courant que Cameron Nathaniel Stavros est en vie. Nous n’avons aucune idée du temps qu’il vous faudra pour mener à bien cette mission mais c’est le prix à payer pour obtenir votre liberté par la suite et également pour continuer de travailler au sein de la CIA. Pour regagner notre confiance, vous allez devoir mettre de côté votre vie personnelle et vos désirs. C’est cela aussi, être espion. Votre avion décollera dans une heure. Une mallette sera déjà présente à bord avec tous les dossiers dont vous aurez besoin ainsi que les détails sur votre nouvelle vie. Là bas, vous serez totalement seul et livré à vous-même. Une fois par mois, vous devrez nous rendre un rapport mais nous n’aurons aucun entretien jusqu’à la fin de votre mission. Bonne chance agent Stavros. »

Jusqu’à lors impassible, le DDCI afficha un mince sourire en se levant pour passer près de Cameron et apposer une main compatissante sur son épaule avant d’ouvrir la porte de son bureau pour faire signe au jeune homme de sortir. Celui-ci se sentait complètement démuni. C’était la prison à perpétuité, voir la peine de mort par injection, ou disparaître pour une durée indéterminée. Autrement dit, il n’avait pas le choix. Il mit quelques secondes avant de réussir à se lever. Le sol semblait se dérober sous ses pieds… Comment réagiraient ses proches quand ils apprendraient sa mort ? Sa mère replongerait sans doute dans une dépression médicamenteuse… Kacey… Il n’osait même pas imaginer ses réactions… Alors qu’il venait à peine de la retrouver, il allait de nouveau la perdre sans savoir pour combien de temps… La nausée. Cameron passa rapidement devant son supérieur sans un regard pour celui-ci et fila aux toilettes pour hommes. Sans prendre la peine de refermer la porte de sa cabine, il s’agenouilla face à la cuvette en déversant son maigre petit déjeuner… En s’adossant contre la paroi, le texan tentait de trouver une solution. Mais la situation était inextricable. Son téléphone portable en main, il composa le numéro de tête en espérant qu’elle répondrait. Aucune sonnerie. En regardant l’écran, il s’aperçu que sa puce ne fonctionnait plus. Son cellulaire avait été mis hors service. L’agence avait donc déjà pris soin, avant même de connaître sa décision, d’effacer Cameron de la surface du globe. L’heure était venu d’être responsable. La liberté avait un prix… Et il s’apprêtait à le payer cher. Très cher.

A bord du jet privé affrétait pour le départ en Ukraine de l’agent Stavros, il déambulait de long en large sans oser ouvrir la valisette qui l’attendait sagement sur une banquette. Avant le décollage, il prit place en positionnant la mallette devant lui. Sa nouvelle vie commencerait à l’ouverture de l’attaché case. Prenant son courage à deux mains, il fit sauter les deux sécurités afin de voir ce qu’elle contenait. Le premier papier lui sauta aux yeux. Un journal. Et pas n’importe lequel, le New-York Times. Ce n’était pas n’importe quelle page… La rubrique nécrologique. Il y avait un encadré qui sortait du lot par la grosseur des caractères bien mis en évidence en plein milieu :

1986 – 2011
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« Irina STAVROS et Vladimir STAVROS ont la profonde tristesse de vous faire part du décès de CAMERON NATHANIEL STAVROS. Disparu le 11 Décembre 2011 suite à l’incendie accidentel de son appartement. L’enterrement aura lieu le Mercredi 14 Décembre 2011 à 9h au Texas State Cemetery.

Vous êtes tous conviés au verre du souvenir, au ranch familial à Austin, après la cérémonie. »

Adieu Cameron l’espion volcanique de la CIA… Bonjour Sergueï, le narcotrafiquant violent.

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« L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. »

BICHKEK, KIRGHIZISTAN
SALLE DE TORTURE
04 : 22 A.M
08 JUILLET 2012

La notion du temps était un luxe qu’avait perdu il y a bien longtemps le jeune agent. Les multiples sévices corporels avaient pris le pas sur le désespoir moral que ressentait continuellement Cameron. On l’avait allongé sur un lit de fortune en prenant soin de couper les ressorts afin que ceux-ci s’enfoncent dans le fin matelas afin d’écorcher le dos du prisonnier. Son incarcération avait été effective il y avait de cela plusieurs jours maintenant. Incapable de compter avec précision le temps qui s’était écoulé depuis, il priait silencieusement pour que l’intervention de la CIA ne tarde pas plus longtemps. Cela faisait très exactement sept mois qu’il s’était infiltré dans le réseau ukrainien et ses résultats étaient tout bonnement éblouissant. Il avait recueillit de nombreuses informations sur l’identité des gros bonnets ainsi que sur leurs agissements, leurs plans et même leurs contacts. Il ne lui avait fallut qu’un mois avant de réussir à convaincre ses compatriotes de sa bonne foi et de son envie d’évoluer au sein du groupe. Deux mois s’était écoulés et il était devenu l’un des chaînons les plus importants. Bras droit du chef, il avait dû abattre plusieurs hommes, prendre toutes sortes de drogues hallucinatoires, allant jusqu’à effectuer un cours séjour en prison. L’agence gouvernementale avait décidé de mettre fin aux souffrances, et au sacrifice, de Cameron en décidant d’arrêter là la mission et de venir l’extrader lors d’une opération coup de poing. Entre temps, l’un des sbires de Louri avait découvert la supercherie et avait dénoncé le dit Sergueï. Malgré sa tentative de fuite, il fut rapidement retrouvé. A présent enfermé entre quatre murs, Cameron n’avait aucune solution qui s’offrait à lui. Sa résistance à la torture l’avait plus d’une fois sauvé même si les ukrainiens faisaient preuve d’ingéniosité et d’une grande imagination. En effet, le texan avait dû subir l’attaque de trois chiens. Les terroristes avaient pris soin de ne pas les nourrir durant plusieurs jours et les avaient lâchés sur le corps ensanglanté de l’agent… Les dégâts n’avaient pas été si effroyables que ça mais, la douleur, elle, avait surpassé tout ce qu’il avait pu connaître jusque ici. Appréciant le moment de répit que ses tortionnaires lui avaient accordé, il sentait pourtant ses forces l’abandonner et un froid glacial l’envahir… Enchaînés aux barreaux rouillés du lit de fortune, les paupières closes… Il se laissait aller… Pourtant, une image s’imposa à lui. Un visage. Celui d’une femme. Kacey… Sans le savoir, elle l’avait aidé à tenir ici. Et, alors que tout espoir semblait s’envoler, elle l’aidait encore à tenir le coup. Il le fallait. Pour elle. Pour sa famille. Pour sa liberté. Ce regain positif l’aida à entendre un bruit fracassant provenant du couloir. Que se passait-il ? Dos à la porte, il n’avait aucune idée de ce qui se déroulait derrière celle-ci. Son rythme cardiaque s’accéléra. Une détonation. La vision de la porte blindée qui s’envola et passa juste au dessus de lui avant de venir lourdement s’écraser sur le mur en béton. Une épaisse fumée inonda la pièce. Cameron avait du mal à respirer, il n’entendait plus aucuns sons. Des hommes en tenue de combat, tout vêtu de noir, entrèrent et se dispersèrent l’arme au poing. Ils portaient des masques, l’un d’eux s’approcha de lui et essaya de communiquer. Malgré sa concentration, l’américain n’entendit rien. Mais il comprit rapidement de qui il s’agissait. La CIA. Enfin.

Les balles sifflaient de toute part ! Il y avait du sang sur les murs, le sol, des cadavres. L’odeur de la mort régnait en maître en se mêlant à la poudre à canon. Deux hommes l’encadrèrent et l’aidèrent à se déplacer jusqu’à un hélicoptère dans lequel il monta. Une équipe médicale l’attendait. Ils le prirent en charge alors que, déjà, l’engin métallique volant décollait. Le médecin et ses coéquipiers tentaient tant bien que mal de faire un diagnostic. Ses pronostiques vitales étaient en jeu. Son foie avait été durement endommagé, il avait perdu beaucoup de sang. Beaucoup trop. Ses blessures étaient, pour la plupart, profondes. Directement mis sous perfusion, Cameron sentit à nouveau cette sensation de lourdeur, d’apaisement. Il sombra.
Son coma dura deux jours avant qu’il ne se réveille. Son corps encore endolorit par les multiples contusions, une infirmière accourue pour prendre ses constantes et lui injectait une dose supplémentaire de morphine. Il s’endormit. Mais à son réveil… Une visite.

DDCI « Bonjour monsieur Stavros. Vous nous avez fait peur, on croyait qu’on allait vous perdre. Mais, rassurez-vous, tout va pour le mieux. Vous allez pouvoir rentrer chez vous d’ici une semaine. Vous avez su regagner notre confiance et je tiens donc à vous témoigner en personne toute la fierté que la CIA éprouve face à vos résultats pour cette mission que vous avez réussi au-delà de nos espérances. Une fois sur pied, vous serez médaillée. Nous vous offrons également deux semaines de repos avant de reprendre doucement, ne vous en faites pas. »

CAMERON « Vous allez immédiatement me faire sortir d’ici. Je me fous des doses médicamenteuses dont j’aurais besoin pour mettre un pied devant l’autre mais je dois absolument sortir. »

DDCI « Les médecins estiment qu’il vous f… »

CAMERON « Vous ne m’avez pas bien compris je crois. J’ai fais tout ce que vous m’avez demandé, mes proches pensent que je suis mort, j’ai passé sept mois sans aucun contact avec ma vie d’avant, grâce à moi vous avez pu mettre un paquet d’enfoirés en prison et en tuer encore plus ! Putain, j’ai faillis mourir là-bas ! Alors ce n’était en rien une question, mais bel et bien une affirmation. Vous allez me donner des vêtements, un billet d’avion pour Londres et vous allez me faire sortir d’ici. »

DDCI « … Si vous y tenez. Je vais voir ce que je peux faire. Ravi de vous revoir parmi nous et faites attention, vous n’êtes pas encore totalement guéris. Les séquelles pourraient être irréparables. »

CAMERON « Laissez moi en juger par moi-même. »

DDCI « Bien. Je vous communiquerais la date de la remise de votre médaille ainsi que les dates de rendez-vous chez notre psychologue. Je vais faire le nécessaire pour vous donner rapidement ce que vous m’avez précédemment demandé. Bonne journée. »