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« In our school you were searched for guns and knifes on the way in and if you didn't have any, they gave you some. » - Emo Philips

Il pleuvait ce soir là. L’asphalte avait sans doute été glissant, la visibilité mauvaise. Et d’après le rapport policier, le coupable avait été un vieux schnock à moitié soûl qui écopa d’une peine bien sous-estimée. Max’ se souvenait à peine des funérailles. Elle se rappelait du soleil et de son aversion à l’égard de la représentante des services sociaux. Sa mémoire depuis n’était pleine que d’une ribambelle de familles d’accueil, jusqu’à ce qu’elle arrive chez les Rings. Et là, le réel enfer commença. Hypocrites, alcooliques, égoïstes, violents, froids… Ils ne l’hébergeaient que pour la rémunération mensuelle que leur accordait l’Etat pour sa garde. Affamée dans un quartier mal famé, Max’ se retrouva à flirter avec le feu dès ses premières années d’adolescence. Coursière de drogues à petit temps à douze ans, dealeuse à quinze ans, experte en armes à feu à dix-neuf ans. En prison à vingt ans.

Elle avait commencé très tôt à se mêler dans les affaires louches du quartier. Le premier à l’avoir repérée était un gros type, pas méchant dans le fond, devant chez qui elle passait tous les soirs en rentrant. On l’appelait Fat Frank. Il travaillait comme revendeur pour un cercle plus grand, mais son surnom n’étant pas injustifié, il recrutait des garnements de rue pour livrer les plus petites doses chez des particuliers des quartiers environnants. C’était une stratégie assez bien tournée – les gosses y allaient en vélo, rollers, trottinette… Des gosses quoi, à faire du vacarme dans la rue, qui les aurait soupçonnés ? Max se faisait une belle somme pour une enfant de douze ans, même si sa naïveté et son ignorance n’en rapportaient que plus de bénéfices à Fat Frank. Mais trente-six mois équivalent à beaucoup d’expérience dans le milieu. Max gagna en maturité, connaissance et surtout, elle gagna en autonomie. Téméraire, voire imprudente, elle décida d’approcher l’organisation pour laquelle travaillait Fat Frank, mais de façon indépendante. Elle fut recrutée tout de suite ; aucune attache familiale, pas de casier judiciaire, expérimentée jusqu’à une certaine mesure, ambitieuse… Et comme Fat Frank, elle se vit attribuer son propre surnom : Mad Max’. Son côté impulsif et violent plaisait, bien qu’il ne soit pas toujours réfléchi. Sa démarche froide et son manque absolu de scrupules lui valurent quelques lauriers. Recrutée tout de suite oui, mais pas à Wellington. Sa tête y était déjà trop familière à cause du temps passé au service de Fat Frank. Par un coup du destin, on la planta sur un avion, en direction de São Paulo. Le big boss avait un frère qui manquait de main d'oeuvre là-bas et Max' n'eut pas vraiment le choix avant d'embarquer. Cela-dit, si elle avait eut son mot à dire, rien n'aurait changé. Presque douze mille kilomètres de distance entre elle et les Rings, elle n'aurait pu demandé mieux. Malgré son âge, il ne lui fallut que quelques mois pour apprendre la langue et on la mit au travail, drogues en main, sans plus tarder.

Mais Max’ commença rapidement à s’emmerder. C’était toujours la même chose, de la routine pure mais pas très dure et bien qu’elle eût un peu d’action de temps à autre, elle finit par en vouloir toujours plus. Dans le milieu de la drogue, rares sont ceux qui ne sombrent pas. Max’ n’y fit pas exception, mais elle ne sombra pas bien loin. En réalité, il y en avait tellement autour d’elle, que l’attrait s’était dissipé rapidement. Il n’y avait aucun défi, aucune difficulté. C’était beaucoup trop facile. Non, si Max’ était accroc à quelque chose, c’était bien l’adrénaline, le danger, ce précipice dans lequel on saute avec un parachute défectueux sans y réfléchir deux fois, toute la jouissance résidant dans cet irrésistible sentiment d’euphorie incontrôlée - « carpe diem ». Et puis, la drogue, au bout d’un moment on a tout vu – weed, champis, poppers, GHB, PCP, cocaïne, MDMA, speed, héro, LSD, kétamine, peyotl, crystal meth… Oui, Max avait touché à tout, ou presque.

Et une fois le tour fait, elle s’était ennuyée. Seize ans, et folle. Farfelue, frénétique, fervente, fêlée, forcenée… Et ce ne sont que les F.
La jeune fille décida alors de se tourner vers les armes à feu. Grumpy Gunther la pris sous son aile. Au sein de ce cercle mafieux, il était vu comme solitaire, maussade et grincheux. D’où son surnom affectif. Je ne sais pas ce qu’il vit en Max, que ce fut son étincelle de jeunesse vive ou son penchant démesuré pour le danger, mais il l’introduisit dans le monde des guns. Expert en le domaine, la jeune fille n’aurait pu trouver meilleur maître. En trois ans, elle savait pratiquement tout ce qu’il y avait à savoir. Grumpy Gunther se faisant néanmoins vieux, ce fut Mad Max’ que l’on choisit pour le braquage suivant. Impatiente mais déterminée, elle constituait un atout.
Et Sticky Stanley bousilla le coup. Flics, prison, enveloppe. Vous connaissez la suite…