Les adversaires KO ou blessés, la voie était libre mais pour combien de temps. S’il y avait eu ces trois types pour leur barrer la route combien d’autres y en aurait-il encore. Yuliana jaugea la brune du regard. Elle semblait connaître Alekzander et avait combattu à leurs côtés. La russe ne connaissait rien d’elle mais puisqu’ils étaient du même côté, autant fallait-il s’entraider. Du moins jusqu’à un certain point. Que se passerait-il lorsqu’ils arriveraient tous les trois devant le trésor. Le chacun pour soit reprendrait-il ses droits ? Son regard quitta la jeune femme pour se loger dans les prunelles de son mari. D’abord Moscou, maintenant ici. Le destin semblait décidé à ne pas vouloir les séparer d’avantage.
Yuliana haussa les épaules avant de se diriger vers la grande porte qui leur faisait face. Les réponses viendraient plus tard, s’ils sortaient vivant de leur chasse particulière. Elle avait un objectif qui était également le leur et le temps n’était pas aux discussions. De plus, la brune mentait. Sérieusement, comptait-elle lui faire avaler cela ?

« Je suppose que vous venez tous les deux pour le trésor. », commenta t-elle en arrivant devant la deuxième pièce. Elle qui était enchantée de cette mission l’était un peu moins maintenant. « Je ne sais pas ce qui nous attend mais ces trois là ne sont surement pas venu seuls. » Elle avait envie de rentrer, de prendre le trésor et de se tirer vite fait de ce pays. Yuliana sentait le regard de son mari se poser sur elle. Qu’allait-il se passer pour eux maintenant ? Reformerait-ils une belle famille heureuse après tout ces mensonges ? Allait-elle revoir Kerian, la reconnaîtrait-il ? Beaucoup de questions voltigeaient dans sa tête. Focus ! Il fallait qu’elle se concentre sur autre chose, sinon elle n’allait pas en sortir. Les émotions, ce qu’elle éprouvait maintenant ne devait pas êtres visibles. Les sentiments la rendaient vulnérable. Encore et toujours.

« Voilà ce que je propose. », fit-elle en s’arrêtant devant la majestueuse salle qui se trouvait devant leurs yeux. « Ce qu’il se passe en Indonésie reste en Indonésie. Je ne sais pas à quoi ressemble ce trésor ni même ce que ces pièces nous réservent comme surprises. Mais se taper dessus ne rime à rien et ne fera que nous retarder. Après … la routine. Chacun pour soit. », termina t-elle en regardant Alekzander. Faire équipe. Si au moins ils réussissaient ça, cela voudrait dire que tout n’était pas perdu, qu’il y avait un espoir. Pourrait-elle faire semblant, revenir en arrière comme si rien ne s’était passé. Le voulait-elle ? La blonde n’en savait rien. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle ne voulait pas se battre contre lui.

Je ne savais pas si c'était ma malchance qui me collait à la peau, mais j'étais encore dans de beaux draps. Moi qui espérais un agréable séjour dans ce pays en cherchant un trésor qui pour moi était une promenade de santé, je me retrouvais non seulement avec mon patron, mais en plus on m'avait canardé. Décidément les pays chauds me faisaient souvent du tort hélas, la Tanzanie puis maintenant l'Indonésie. Soupirant en sortant de ma cachette après que ces types armé soit hors d'état de nuire, je ramassais rapidement mes affaires que j'avais laisser tomber quand une grande porte s'ouvrit devant nous. Apparemment elle menait à une autre pièce. Repensant au mensonge que j'avais formulé pour justifier ma présence en ces lieux, j'eus un petit rictus me manquant de ma propre bêtise. Suivant alors mes deux ainés, cette deuxième salle était bien plus vaste que la première.

▬ Excusez-moi mais ... Qui étaient ces trois personnes ? Autant jouer l'ignorante jusqu'au bout, même si je ne savais réellement pas qui étaient ces malfrats. Mafia ? Possible. Trafiquants ? Possible aussi. Des agents ? Dans ce cas de quelles agences ? Regardant Alekzander qui marchait à côté de moi, je rajoutais : Depuis quand vous intéressez-vous au trésor ?

Cette nouvelle salle était aussi belle que la précédente décorer de multiples peintures et de plusieurs statuts de Bouddha, ce temple était vraiment très beau. Mon regard contemplait avec merveille ce que pouvait offrir ce site écoutant en même temps les dire de cette femme dont je ne connaissais toujours pas le nom. Finalement je la regardais. Elle aussi en avait pour le trésor. Une question me turlupina donc. Pourquoi Farouk avait envoyé plusieurs personnes chercher la même chose ? C'était bizarre. A moins que j'étais la seule à recevoir cette lettre même si j'en doutais beaucoup. Cette femme avait raison, s'entretuer était une mauvaise idée. Par contre, je me demandais ce qui allait se passer quand nous aurions trouver le trésor. Bien des gens devenaient fous face à une petite fortune. C'était après le but atteint que ça allait être intéressant.

Ainsi, Lily Joy n'aurait pas imaginé le retrouver dans un temple perdu au fond du monde ? Ca tombait bien, lui non plus. A vrai dire, Alekzander avait du mal à avaler le fait qu'elle soit ici parce qu'elle y avait été conviée grâce à sa faculté, un ami, ou il ne savait trop quoi d'autre du genre. Sinon, elle aurait été guidée et pas laissée livrée seule à elle-même dans un site archéologique. Dans un premier temps, il se demanda qui cette jeune fille pouvait-elle bien être au fond. Puis, il se ravisa, préférant écouter ce qu'elle affirmait, sans y croire réellement. Kerian l'adorait, elle était responsable, il n'y avait jamais eu aucun problème avec elle, Alekzander lui faisait confiance. Il décida finalement qu'il aviserait au fil des événements qui allaient suivre de lui poser quelques questions ou non. Le problème, c'était que lui risquait fort de griller sa couverture... Si ce n'était pas déjà fait.

Ce qu'il se passait ? Il n'en savait pas plus qu'elle, du moins, à priori. Qui étaient ces hommes ? Aucune idée. Que voulaient-ils ? La même chose qu'eux, certainement. Mais alors, combien étaient-ils sur le coup ? Ca, ça pouvait être problématique. « Aucune idée » répondit-il simplement.

Et finalement, armes rangées, la tension atténuée, ils changèrent de salle. La seconde était plus vaste, plus grande, mais dégageait toujours cette aura étrange. Peut-être à cause de l'histoire, du passé qui hantait les lieux. Yuliana prit la parole.

Le trésor... Elle aussi, alors. Du fond de sa Russie, elle était venue pour la même chose. Coïncidence troublante, vous l'avouerez. Il était inutile de nier que le trésor n'intéressait pas Alekzander, malgré que l'aventure soit franchement attirante. Il avait les moyens de se payer une vie de luxe, ainsi qu'à Kerian, mais il était inutile de se mentir à soi-même.

Faire équipe. Pour le moment, il n'y avait pas d'autre solution, à part peut-être s’entre-tuer, mais sincèrement, il préférait éviter. D'une part, parce qu'il était avec deux femmes – gentleman et bonne éducation oblige –, qu'il les appréciait toutes les deux, mais évidemment de façon très différente, et également parce qu'il connaissait le caractère explosif de Yuliana. Ne pas la provoquer ni la mettre en colère, il en avait eu la preuve à Moscou. Elle était de nature au moins aussi acharnée que lui. « Après … la routine. Chacun pour soit. » Il quitta des yeux la jeune femme. Parce qu'au fond, elle restait la seule qu'il ait jamais vraiment aimé, et il n'avait pas pu l'oublier. Pas un seul jour sans qu'il ne pense à elle. La laisserait-il repartir sans rien dire, une fois sorti ? Ce n'était pas une pensée franchement réjouissante, il préféra l'ignorer. Ils verraient bien.

Toujours en route, Lily Joy tourna le regard vers Alekzander. Depuis quand ? Il lui lança regard, légèrement amusé. « Et vous ? » Depuis qu'il avait reçu la lettre. Et en lui retournant la question en premier lieu, il prit un peu de temps pour réfléchir à un éventuel mensonge pour éviter d'aggraver son cas quant à la découverte de sa véritable identité. Finalement, il ajouta : « Disons que... J'ai entendu parler du temple récemment. C'est intéressant comme « escapade », vous ne trouvez pas ? » Certes, il ne répondait pas réellement à la question posée. Bah, ça ferait bien l'affaire, et puis il ne mentait pas tellement ; cachait juste l'autre part de vérité.

La remarque de la brune la fit sourire. Et elle, depuis quand s’intéressait-elle à l’archéologie ? C’était un peu gros. Yuliana se demanda combien d’autres personnes avaient été convoquées pour cette chasse au trésor. Si toutes les agences avaient envoyé leurs agents, Yuliana s’étonnait de ne voir plus de monde. Alors c’est qu’ils avaient été sélectionnés sur le tas. Les meilleurs hein ?

La russe s’avança dans la salle alors qu’Alekzander répondait à la jeune femme. Elle ne put s’empêcher de laisser un rire s’échapper de ses lèvres. Son mari aimait les belles femmes, les belles voitures, les beaux objets rares de préférences alors aller voir un temple juste pour la beauté du geste, tout seul, alors que des affaires l’attendaient sur l’autre continent ? C’était absurde. Se mentir ne faisait que les retarder mais s’ils voulaient continuer sur cette voie. Elle était déjà partante pour explorer cette pièce lorsque le bruit d’une chute se fit entendre. Elle se retourna, sur le qui vive, pour apercevoir la brune et … aucune trace d’Alekzander.

Elle écarquilla les yeux, inquiète et s’avança rapidement vers ce qui semblait être un trou … profond si l’on s’en référait à sa noirceur. « Alekz ? », l’appela t-elle. Pas de réponse. Merde. Merde. Elle ne paniquait pas non, elle était juste terriblement inquiète. Et s’il s’était empalé sur un rocher pointu et tranchant et s’il était dans le coma et … calme-toi. On se calme. « Xzander merde réponds ! », jura t-elle en utilisant son surnom honni. Il pouvait lui répondre n’importe quoi, tout passerait du moment qu’elle entende le son de sa voix, qu’elle sache qu’il était en vie. La seulement elle pourrait se focaliser sur la question suivante : comment le remonter jusqu’à elle. Les archéologues étaient déjà passés par ici. Si les traces de pas ne se voyaient pas sur la pierre rouge, la poussière et les traces de terre étaient bien présentes. En attendant la réponse du père de Kerian, Yuliana jeta un œil circulaire à la salle. La une corde. Elle espérait juste qu’elle soit d’une taille plus assez longue pour remonter Alekzander. Elle en repéra une deuxième et les noua ensemble. Elle n’avait toujours pas de réponse mais avait la corde. C’est bon, son mari ressortirait parce qu’il le fallait, parce qu’elle se refusait à le perdre une deuxième fois, ici en Indonésie.

Je trouvais cette situation de plus en plus ironique, presque ridicule même. Je savais que Alekzander et cette femme sans nom mentaient sur la raison de leur présence, et je savais qu'ils savaient que moi aussi je n'étais pas très honnête. Vous suivez ? Entre autres, ça ne servait plus à rien de mentir, mais je me voyais mal leur dire la vérité. Je pouvais peut-être parler de la lettre certes, mais comment j'allais me justifier sur le fait que cet homme mystérieux pleins aux as m'avait choisis ? Il fallait pourtant que je trouve quelque chose, j'allais de voir m'expliquer avec Alekzander. C'était mon patron, le père de Kerian. En parlant de ce dernier j'allais répondre à sa question sur les temples quand subitement je vis le sol s'affaissait. Alors avec quelques réflexes affutés, j'avais réussis à ne pas tomber ce qui n'était pas le cas pour le dirigeant d'hôtels. Jurant mentalement, la femme avec moi commença à perdre un peu ses moyens après l'avoir découvert.

En l'observant, je pouvais deviner qu'ils se connaissaient depuis longtemps, elle était bien trop familière avec lui pour n'être qu'une connaissance. L'idée que c'était sa défunte femme me revint de nouveau, malgré que je trouve cette idée absurde et pourtant je ne pouvais m'en empêcher, mais arrêtant d'y penser, le plus important était de sortir Alekzander de là ... S'il était encore vivant. Penser qu'il était peut-être mort ne me laissait pas indifférente, bien que ce soit mon patron c'était aussi un ami. Sortant vite de mon sac un bâton que je craquais pour qu'il s'illumine je le jetais dans le trou pour voir à quel point il était profond. Je commençais à me demander si Alekzander était vivant, il ne répondait pas aux appels de cette femme. Elle s'activa d'ailleurs en attachant deux cordes pour aller le chercher.

▬ Il faut qu'on se dépêche !

Voulant l'aider, j'attachais la deuxième extrémité à une grosse pierre puis jeta l'autre bout dans le trou. Il ne fallait pas perdre de temps. Sortant également de mon sac une lampe, je pris l'initiative de descendre moi-même tenant la lampe en bouche. Mes pieds touchèrent le sol après une longue descente, Alekzander y était ...

▬ Vous êtes blesser ?

La discussion virait au ridicule, oui, c'était vrai. De toute évidence, Lily Joy avait grillé sa couverture. Mais mis à part l'étudiante qui travaillait chez lui, chez eux, qui pouvait-elle bien être, au fond ? Alekzander n'en savait trop rien. Quoiqu'il en soit, la jeune fille restait quelqu'un qu'il appréciait énormément, qu'il pouvait même qualifier d'amie, et... Et puis plus rien. Sous ses pas, il y eut un bruit étrange, un petit craquement. Alekzander se stoppa net, fronçant légèrement les sourcils. Qu'est-ce que c'était ?

La réponse ne tarda pas à venir. Il eut tout juste le temps de réaliser qu'il serait peut-être bon de fuir que le sol s'écroula net sous ses pieds, juste entre son interlocutrice et lui. Par réflexe, il tenta de se raccrocher à quelque chose, n'importe quoi qui pourrait l'aider, mais rien. Il n'y avait plus que du vide. La chute lui sembla interminable et il avait l'arrière-goût amer que la réception serait plus que douloureuse au fur et à mesure qu'il s'enfonçait. Le bruit de sa rencontre précipitée avec le sol fut atténuée par ce qui recouvrait les vieilles pierres.

Quelques secondes... « Alekz ? » Le temps de reprendre ses esprits... « Xzander merde réponds ! » Humrpf. Il soupira et pesta doucement. Bon sang... Où était-il ? Ah oui. L'espèce de trou sorti de nulle part, il avait pourtant appris à marcher les pieds l'un après l'autre et regarder où aller. Il s'était fait avoir comme un bleu, c'était rageant. Sous ses mains, quelque chose d'humide et de mou. De la mousse ? Certainement. Mieux valait ne pas vraiment savoir, songea-t-il en retrouvant l'usage de ses deux jambes. Un miracle qu'il n'ait rien de cassé, ou pire encore, à en croire la distance qui le séparait du point lumineux un peu plus haut, il avait eu de la chance que le sol ne soit pas simplement composé de roches. Yuliana ? Oh, il l'avait entendue, il pensa également qu'il devrait peut-être lui répondre : oui, mais plus tard. Il eut un léger sourire en l'entendant s'inquiéter pour lui, elle qui prétendait n'avoir besoin de rien ni de personne, fière de son indépendance, elle se faisait du soucis lorsqu'il disparaissait au fin fond d'un temple indonésien en l'espace d'une seconde. La preuve même que la russe n'était pas aussi inflexible qu'elle voulait bien l'affirmer, bien qu'il n'en ait jamais douté un seul instant. Il glissa une main dans sa poche : une lampe. Il lui fallait une source de lumière. Au moment où il trouva l'objet en question, une silhouette s'approcha de lui. Lily Joy.

« Non, je vais bien » répondit-il. Au pire il aurait les membres engourdis le lendemain matin par sa chute... « Une chance que le sol ne soit pas dur. » Assez parlé, il fallait remonter à présent. Il leva la tête un instant : combien y avait-il de mètres jusqu'à la surface ? Au moins sept ou huit, à vue de nez. « Après vous » ajouta Alekzander calmement en désignant la corde. Il se fit d'ailleurs la remarque que l'étudiante était aussi visiblement douée pour l'escalade, étant donné qu'elle était descendue jusque là. Il espérait seulement qu'elle aurait assez de force pour remonter, mais la jeune femme avait du cran, il n'en doutait pas plus que ça. A son tour, il attrapa la corde, l'enroulant au bout de quelques instants autour de ses pieds de manière à pouvoir aussi prendre appui dessus. Bon, allez, c'était le moment de faire travailler ses muscles.

Il arriva en haut après un petit moment de travail musculaire. A l'avenir, il éviterait ce genre de « surprise ». L'agent de la CIA croisa le regard de Yuliana. Elle était inquiète, ça crevait les yeux, et lui eut un léger sourire, à peine perceptible.

Yuliana fut soulagée lorsqu’Alekzander sorti du trou qui s’était ouvert telle une trappe actionnée par elle ne savait quelle pierre. Avait-elle marché sur la mauvaise pierre ? Le sourire légèrement moqueur de son mari la fit lever les yeux au ciel. Il n’avait décidément pas changé, du moins sur ce côté-là. D’accord, d’accord, elle était indépendante et se débrouillait très bien toute seule mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle était insensible.

Pour le moment, ils étaient sains et saufs tous les trois et c’était ce qui comptait. Cet endroit leur réserverait-il d’autres surprises ?, songea Yuliana en avançant. Des bruits attirèrent son attention. Dans ces bruits elle reconnu le sifflement caractéristique des serpents mais il y avait des sons différents qui se mélangeaient à celui-là. Allaient-ils devoir faire comme Indiana Jones ? Indiana Jones n’avait peur de rien, elle… elle avait peur d’une chose. Des araignées. Oui, elle avait bien plus peur de ces monstres à huit pattes que des hommes. La russe grimaça lorsqu’elle s’approcha un peu plus près de ce qui ressemblait à s’y méprendre à une piscine. Oooh non, pas ça, songea t-elle en se retournant vivement vers ses coéquipiers d’un jour. Face à eux se trouvaient des serpents, scorpions, tarentules, fourmis, mygales et autres bestioles du genre.

« Saloperies. », jura t-elle en s’énervant toute seule. Les serpents, scorpions et les insectes ne lui faisaient rien, elle s’en fichait. Mais ces monstres velus là … Rapidement, elle se senti trembler et la chair de poule se forma sur ses bras. Il fallait qu’elle se calme autrement, elle n’arriverait à rien. Cependant, ce n’était pas évident. Tout ce qu’elle voulait en cet instant précis était de n’avoir jamais accepté de participer à cette aventure. Mais elle avait accepté et n’avait pas le choix. Malgré sa peur, elle n’aimait pas perdre et ce refus de perdre était plus fort que cette peur démesurée. Elle avait aperçu cet espace étroit à leur gauche qui leur permettrait de traverser le bassin. Ils n’auraient pas d’autre choix que de le prendre. « L’ennui dans les films c’est que ça à l’air vachement plus facile que dans la réalité. Vous faites ce que vous voulez, mais je ne passe pas la première sur ce coup-là. »

A mon arrivée au fond de ce trou je fus agréablement surprise que monsieur Bradford aille bien. Je ne savais pas précisément combien de mètre il avait parcouru dans sa chute, mais il était indéniable qu'il avait eut une sacrée chance de n'avoir rien de cassé. Il aurait même pu y mourir ! Rassurée, je lui fis un signe de tête pour lui dire merci. Étant un gentleman, il me laissa passer en première pour remonter. Certes c'était assez haut, mais j'arrivais à destination sans trop d'effort. Aidant le patron à se relever, notre petit groupe continua son exploration dans cet étrange temple. Je ne savais pas si on aurait d'autres surprises de ce genre, mais en tout cas on devait faire très attention. Bizarrement je me sentais un peu dans la peau d'Indiana Jones ou encore dans celle de Sydney Fox. C'est escapade tournait en aventure.

Bref, nous marchions toujours plus profondément au sein de cette bâtisse, j'espérais intérieurement que cela ne dure pas des lustres. Les explorations c'était bien, mais à courte durée. Puis nous arrivâmes vers un autre problème : sur notre chemin se dressait une sorte de fosse pleine de bêtes toutes aussi dégoutantes les unes que les autres. Les serpents passaient encore, je n'avais pas peur de ces reptiles par contre des araignées là c'était une autre histoire surtout quand elles étaient aussi grosse que des oranges. Des mygales vous voyez le genre ? S'il y avait bien un insecte qui me répugnait c'était ces choses à huit pattes ! Oui, on pouvait dire que c'était ma phobie. C'était assez ridicule quand on savait que j'avais un self contrôle hors pair devant des tueurs sanguinaires. Je jurais intérieurement, car il était hors de question que je plonge dans cette marre d'insectes pour continuer. Il fallait qu'on trouve une solution ingénieuse, sinon je rebroussais chemin sans hésitation et au diable le trésor.

Heureusement je me sentais moins seule. La femme qui m'était encore inconnue était aussi réticente que moi à passer cette fosse. J'avais également repéré cet espace étroit sur notre gauche, mais était-il suffisant pour que l'on puisse l'utiliser ? J'imaginais déjà ma chute ... J'en frissonnais d'avance.

▬ Je ne sais pas pour vous, mais personnellement même un trésor ne me fera jamais passé cette fosse.

Yuliana leva les yeux au ciel face à l’expression d’Alekzander. Il observa avec un léger sourire amusé son air exaspéré et tous se remirent en route sans ajouter un seul mot. Cette fois, l’agent la CIA nota qu’il avait plutôt intérêt à faire attention aux endroits où il mettait les pieds. En tombant dans ce trou décidément vraiment profond, il avait eu une chance énorme de ne rien se briser. Ou pire. Si Callen avait été là, il aurait probablement rit une fois le petit incident passé, probablement. De légers sifflements parvinrent à ses oreilles, jusqu’à ce qu’ils arrivent à une sorte de fosse. Profonde, elle aussi. Mais pas suffisamment pour masquer ce qu’elle contenait… Il sentit Yuliana se crisper à côté de lui et se pencha légèrement en avant.

Hum, charmant. Des araignées plus grosses que son poing – des mygales, à première vue – des reptiles, serpents dont il ne connaissait pas le nom précis, des scorpions et autres sympathies en tout genre. Alekzander n’avait jamais vraiment eu peur de ce genre de bêtes, contrairement à sa femme – qui s’était écriée un bon nombre de fois qu’il fallait qu’il tue les araignées quand elle en voyait une au plafond de temps en temps, chez eux – mais là, elles étaient vraiment impressionnantes. Il ne faisait donc pas preuve d’une assurance sans faille. Les petites bêtes ne mangent pas les grosses, c’était clair depuis longtemps, sauf que celles-là étaient à tous les coups mortelles. Il ne voulait pas prendre le risque de vérifier. Lily Joy déclara que pour rien au monde elle ne traverserait cette fosse…

« Je ne suis pas certain qu’on ait le choix. » répondit-il simplement, en réfléchissant à une solution. La soi-disant étudiante changerait bien d’avis. Etudiant la situation, Alekzander repéra un très léger passage sur leur gauche, particulièrement étroit, mais qui pourrait faire l’affaire. A condition que la pierre tienne… Ca, c’était plutôt embêtant.

Il fit demi-tour, revenant sur leurs pas, jusqu’au fameux trou où il avait manqué de finir en plusieurs morceaux. La corde était restée nouée à une colonne, il la détacha puis la remonta, pour l’enrouler et la tenir dans une main. Il revint ensuite vers la fosse, s’approchant d’une autre colonne située juste vers le mur, pour l’attacher autour. Il vérifia que son nœud était solide : à priori, oui. Puis, il s’expliqua aux deux jeunes femmes :

« A part avec ce passage » il désigna le passage sur la gauche qu’elles avaient de toute façon déjà repéré « je ne pense pas qu’on puisse traverser. Je passerai donc en premier, et il faudra que vous me lanciez l’autre extrémité de la corde. Normalement, elle pourra servir d'appui ou d'aide pour garder l'équilibre. » Ou pouvait aussi être utile si les roches s'effondraient au beau milieu de la traversée, mais vu l'expression abordée par les deux jeunes femmes, il préféra éviter de le dire à haute voix. Il ajouta seulement : « A moins que l'une de vous deux préfère commencer ? » Question idiote. Il s'approcha à nouveau de la fosse, à gauche : bon... Les bestioles étaient à distances raisonnable, tout irait bien. A condition de ne pas tomber... L'agent de la CIA se plaça de profil, avança son pied gauche sur la margelle, puis le droit, concentré pour conserver l'équilibre, jusqu'à arriver jusqu'au milieu. Il y eut une sorte de petit craquement, presque imperceptible. Oh oh ; mieux valait ne pas traîner. Au final, au bout de quelques minutes, il était arrivé à l'autre bout sans trop de problèmes, mais il espérait juste ne pas avoir à recommencer l'opération et surtout que la pierre tiendrait pour sa femme, et Lily Joy. Mais après tout elles étaient plus légères que lui ! Ca, c'était fait. A leur tour maintenant.